KINSHASA – L’ancien Premier ministre de la République Démocratique du Congo, Augustin Matata Ponyo, a choisi la prudence face aux graves accusations portées par Félix Tshisekedi contre son prédécesseur Joseph Kabila. Lors de son passage au journal Afrique de TV5 Monde du 18 février, l’homme à la cravate rouge s’est abstenu de prendre la défense de l’ancien chef de l’État, alimentant ainsi les spéculations sur sa position politique.
Un silence stratégique ou un désengagement politique? Interrogé sur les accusations du président Félix Tshisekedi, qui suggérait une implication de Joseph Kabila dans des manœuvres de déstabilisation de la RDC, Matata Ponyo a évité tout commentaire tranché. « Je suis de l’opposition, je ne fais pas partie de l’administration actuelle et je ne dispose pas d’informations qui pourraient éclairer la déclaration du Président. Je suis donc très mal placé pour en parler. »
Une déclaration qui en dit long sur sa posture politique actuelle. Matata Ponyo, qui a dirigé le gouvernement sous Kabila de 2012 à 2016, semble vouloir prendre ses distances avec le passé, tout en évitant d’apporter un soutien direct à Tshisekedi.
Un climat de tension et des suspicions persistantes
Alors que l’Est du Congo est en proie à une crise sécuritaire aiguë, les tensions politiques à Kinshasa ne cessent de croître. Le président Félix Tshisekedi a récemment durci le ton contre ceux qu’il considère comme des instigateurs de la rébellion, laissant entendre que certaines figures de l’ancien régime pourraient être impliquées.
Dans ce contexte explosif, le refus de Matata Ponyo de défendre Kabila est perçu par certains analystes comme un moyen de ne pas s’attirer d’ennuis. D’autres y voient une stratégie de repositionnement politique, visant à préserver ses ambitions pour l’avenir sans être éclaboussé par de potentielles révélations compromettantes.
Une classe politique divisée face aux enjeux sécuritaires
La RDC est confrontée à une agression armée persistante dans sa partie orientale, où des groupes rebelles et des forces étrangères sont accusés de semer le chaos. Face à cette situation, l’unité nationale devrait être de mise, mais les dissensions politiques semblent prendre le dessus.
Des observateurs dénoncent une absence de cohésion au sein de la classe politique congolaise, où certains leaders, au lieu de s’unir pour faire face à l’insécurité, préfèrent adopter une posture d’évitement.
Le silence de Matata Ponyo traduit-il une simple prudence diplomatique ou une véritable rupture avec son passé politique? Si son positionnement reste flou, une chose est certaine: dans un contexte où chaque mot peut peser lourd, son refus de défendre Kabila en dit bien plus qu’il n’y paraît.
© CongoForum – Gad Chrispin, 23.02.25
Image – source: Radio Okapi
