KINSHASA – Alors que l’opposition congolaise semblait quasiment disparaître dans toutes les discussions après un échec cuisant lors des élections de décembre 2023, le débat autour de la révision constitutionnelle initiée par le président de la République semble remettre les leaders de l’opposition dans la danse.
Aussitôt annoncé à travers un meeting à Kisangani dans la province de la Tshopo et à Lubumbashi dans la province du Haut-Katanga, la question autour de la révision constitutionnelle a suscité plusieurs réactions dans l’opposition congolaise. Ce débat fait renaître l’opposition au pays, pourtant silencieuse jadis sur certaines questions d’ordre général.
Le pouvoir en place, dirigé par l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), ne cache plus ses ambitions, celle de modifier voire de changer la Constitution congolaise, parce que selon eux, celle-ci a été rédigée à l’étranger et par les étrangers. Bien que cela semble n’être pas une solution aux problèmes que connaît actuellement le pays, surtout dans sa partie Est, la révision de la Constitution demeure une priorité actuellement pour le président qui a expliqué que personne ne changerait son avis à ce sujet.
Comme pour les années passées lors du règne de Joseph Kabila, l’opposition est déjà mobilisée contre toute révision de la Constitution. Martin Fayulu, président de l’Ecidé, ainsi que Delly Sessanga Ipungu, président de l’Envol, tous candidats malheureux à l’élection présidentielle de décembre 2023 ont, dans des vidéos devenues virales sur les réseaux sociaux, jeté de l’opprobre sur le président Tshisekedi pour avoir manifesté clairement sa volonté de réviser la Constitution. Pour Fayulu, « le président Tshisekedi joue avec le feu comme un petit enfant ». Cet opposant qualifie ce projet de révision constitutionnelle de dévastateur. Pour lui, ce ne sont pas les dispositions de la Constitution actuelle qui légitiment « le pillage des fonds publics ou l’inertie d’un gouvernement issu d’un simulacre d’élections ».
Delly Sessanga n’a pas manqué de réagir après une brève arrestation à Kinshasa pour avoir initié une manifestation contre la révision de la Constitution. M. Sesanga parle d’une “manipulation du peuple congolais”. « La manipulation, c’est lorsque vous versez dans une interprétation tout à fait iconoclaste de l’article 217 de la Constitution par un faux bruit, en faisant croire que cet article expose le Congo à céder des territoires à des États voisins», a-t-il réagi dans une vidéo.
Après le discours du président Tshisekedi le 23 octobre dernier, lors d’un meeting public à Kisangani, seuls les membres de l’UDPS semblent soutenir cette proposition. Augustin Kabuya, secrétaire général de ce parti présidentie, tient mordicus au changement de la Constitution. A son avis, la Constitution a été rédigée par “les impérialistes”.
A l’Union sacrée, les partenaires de l’UDPS, restent jusque-là sans mot. Aucun parti de ce présidium de la majorité présidentielle ne s’est prononcé officiellement dans ce débat. Dans les provinces, la Lutte pour le changement (LUCHAà a officiellement lancé la campagne contre la révision constitutionnelle. CongoForum suivra de près ce dossier .
© CongoForum – rédaction, 20.11.24
Image – source: presse congolaise