Nord-Kivu: le M23 signe un accord sur le retrait dans l’immédiat des troupes de la SADC et leurs matériels à partir de l’aéroport de Goma (CongoForum)

GOMA – Dans un tournant majeur du conflit en cours en République Démocratique du Congo (RDC), la Force de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) a annoncé son retrait du territoire congolais. Ce retrait sera facilité par le groupe armé M23 (AFC/M23), qui a participé à une réunion cruciale avec les responsables du SAMIDRC à l’hôtel Serena. Parmi les représentants du M23 figuraient Sultani Makenga et Byamungu Bernard, qui ont accepté de garantir un cessez-le-feu immédiat et d’organiser les conditions de ce retrait.

Les parties conviennent du retrait à partir de l’aéroport international de Goma des hommes des troupes de la mission africaine et leurs équipements, en laissant les équipements qui appartiennent aux FARDC.

Il est aussi question de rendre cet aéroport utilisable de nouveau avec l’appui de la SADC, précise Lawrence Kanyuka, porte -parole de l’AFC/M23 et l’observation strict du cessez le feu pour faciliter le retour de la paix en RDC.

Lors de cette réunion, plusieurs points ont été convenus :

1. Facilitation du Retrait des Troupes: l’AFC/M23 doit assurer le retrait immédiat de la Force SADC (SAMIDRC) avec leurs armes et équipements, tout en laissant derrière elles les armes et matériels militaires du FARDC qu’elles détiennent.

2. Liberté de mouvement: la circulation de la Force SADC sera coordonnée par l’AFC/M23 afin de permettre une sortie sécurisée des troupes.

3. Évaluation de l’aéroport de Goma : une équipe conjointe sera chargée d’évaluer l’état de l’aéroport international de Goma, en vue de sa réouverture.

4. Réparations de l’aéroport : la Force SADC contribuera à la remise en état de l’aéroport de Goma, infrastructure clé pour leur départ.

5. Suivi des engagements : une nouvelle rencontre conjointe entre la SADC et l’AFC/M23 sera organisée à une date et dans un lieu qui restent à déterminer.

Cette signature a eu lieu après des discussions à l’hôtel Serena de Goma, en présence des officiers des différentes nations qui ont contribué en hommes et matériels durant la mission de la SADC et ceux de l’AFC/M23. Elle cadre dans la dynamique de la recherche des solutions à la guerre actuelle.

Pour l’AFC/M23,il n’y a pas de solutions militaires à la guerre hormi le dialogue direct avec le gouvernement de Kinshasa. « Nous avions une réunion avec la SADC concernant le retrait immédiat des troupes de la SAMIDRC de Goma. » Selon les rebelles, le retrait est crucial pour apaiser la situation. « Hormis cet aspect, nous avons aussi discuté de la réouverture de l’aéroport de Goma, qui était endommagé par les bombes.

La réouverture de l’aéroport international de Goma est au cœur des préoccupations. Une commission mixte composée de l’AFC/M23 et de la SADC sera mise en place dès la semaine prochaine pour effectuer un état des lieux de l’infrastructure avant le lancement des réparations nécessaires. « La SADC a décidé de nous accompagner dans la réparation de l’aéroport de Goma pour que cet aéroport s’ouvre le plus vite possible, afin que le retrait des troupes de la SAMIDRC se fasse dans le plus bref délai », a affirmé Lawrence Kanyuka.

L’accord inclut également des arrangements logistiques pour le retrait des militaires et de leurs équipements. « Les militaires et leurs équipements seront rapatriés chez eux. Ils vont se retirer à partir de l’aéroport de Goma, mais il faut que l’aéroport soit réparé d’abord », a précisé Kanyuka, mettant en lumière la complexité du processus.

L’accord a été signé en présence des chefs d’État-majors des forces de défense de la SADC et du commandant en chef de l’AFC/M23, le Général Sultani Makenga. Ce geste symbolique marque un tournant dans les efforts pour instaurer la paix et la stabilité dans l’Est de la RDC.

L’accord touche aussi au cessez-le-feu entre les belligérants, un autre point crucial pour la réduction des tensions. La SADC a promis de rencontrer le gouvernement congolais pour mettre en place ce processus de paix, ouvrant ainsi la voie à une résolution pacifique du conflit qui secoue la région depuis plusieurs années.

Un signal fort dans le conflit

Le retrait de la Force SADC marque un épisode décisif dans la crise sécuritaire qui secoue l’Est de la RDC. Alors que les tensions persistent entre les FARDC et le M23, cet accord semble montrer une volonté de stabilisation dans la région, tout en soulevant des questions sur l’avenir des interventions militaires régionales et l’équilibre des forces sur le terrain.

La communauté internationale suivra avec attention l’application de cet accord, qui pourrait redéfinir la dynamique des affrontements dans la région du Kivu. Reste à voir si cette démarche pourra ouvrir la voie à des négociations plus larges pour une paix durable en RDC.

Une délégation du M23 à Doha

Pendant ce temps, Bertrand Bisimwa, président de la branche politique du mouvement du 23 mars (M23) et coordonnateur adjoint d’Alliance Fleuve Congo (AFC), est à la tête d’une délégation arrivée à Doha, capitale du Qatar. Selon Jeune Afrique, cette délégation, qui comprend notamment le colonel John Imani Nzenze, responsable des renseignements de l’AFC/M23, a été invitée par l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani, dans le cadre d’une éventuelle rencontre avec des délégations de la République Démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda.

L’objectif de cette mission diplomatique est de favoriser la résolution pacifique de la crise sécuritaire et humanitaire qui frappe l’Est de la RDC.

Le 18 mars dernier, l’émir du Qatar avait facilité un entretien entre les présidents Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagame du Rwanda, après le fiasco de leur rendez-vous manqué en décembre 2024 à Luanda, sous la médiation du président angolais João Lourenço, une rencontre qui avait, au contraire, exacerbé les tensions entre les deux pays voisins.

Lors de la rencontre à Doha, les deux chefs d’État avaient réaffirmé leur engagement en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. Malgré ces déclarations, les combats entre l’armée congolaise et les rebelles soutenus par le Rwanda se poursuivent sur plusieurs fronts, aggravant ainsi la situation sécuritaire et humanitaire dans la région.

La mission de la délégation du M23 à Doha, bien que discrète, pourrait bien ouvrir de nouvelles voies de dialogue pour résoudre une crise qui dure depuis plusieurs années et affecte lourdement la population civile dans l’Est du pays.

© CongoForum – rédaction, 28.03.25

Images – source: presse congolaise

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