
(Carte blanche)
BRUXELLES – La guerre en Ukraine est suivie de près par le reste du monde depuis près de trois ans, surtout en Occident. Dans une moindre mesure, l’attention se porte sur la guerre à Gaza, qui s’est maintenant arrêtée, temporairement ou non, grâce à un cessez-le-feu. On parle beaucoup moins de l’énorme crise humanitaire et des violences dans le Kivu et l’Ituri, en République démocratique du Congo. La vie d’un Congolais a-t-elle donc moins de valeur ? Bien sûr que non!
Une grande panique règne actuellement à Goma, la plus grande ville de l’est de la RDC qui menace de tomber aux mains des rebelles du M23. Des magasins sont détruits, des personnes déplacées affluent dans la ville, les habitants s’enferment chez eux, ne sachant pas où aller ni comment trouver de la nourriture ou de l’eau potable en quantité suffisante. L’approvisionnement en électricité a été interrompu. « Comment vivre sans électricité, sans eau, sans internet ? » s’exclame un habitant de Goma en détresse.
L’armée congolaise a déclaré fermement samedi soir que le M23 n’aurait pas la possibilité d’occuper la ville de Goma. « La guerre ne fait que commencer », a souligné le général Sylvain Ekenge.
Les experts de l’ONU ont récemment confirmé une fois de plus que le M23 est systématiquement soutenu par les forces rwandaises. Plus précisément, les actions des rebelles sont même contrôlées par les Rwandais. Le général Sultani Makenga, qui dirige le M23, reçoit ses instructions de l’armée et des services de renseignement rwandais. Au moins 3 000 à 4 000 soldats rwandais sont opérationnels au Nord-Kivu, violant ainsi l’intégrité du territoire congolais.
Violations graves
Selon des témoins oculaires, le M23 est approvisionné militairement par l’armée rwandaise. Les rebelles commettent de graves violations du droit international: les femmes et les enfants sont maltraités, mutilés, abusés sexuellement, enlevés et déplacés. Le M23 commet régulièrement des massacres. Même des jeunes filles sont violées. Des jeunes sont enrôlés de force dans les rangs des rebelles.
La ministre des Affaires étrangères du Congo, Thérèse Kayikwamba Wagner, a souligné les violations du territoire devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Elle a parlé d’une « agression frontale » et d’une « déclaration de guerre ». La cheffe de la diplomatie congolaise a exigé des sanctions sévères contre des officiers supérieurs rwandais et les politiciens rwandais responsables de l’agression. Elle a également demandé un embargo total sur toutes les exportations de minerais « rwandais », notamment l’or et le coltan.
Nations unies
Le secrétaire-général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé aujourd’hui les forces rwandaises à se retirer du Congo et à cesser tout soutien au M23. Le Royaume-Uni et les États-Unis, pays qui entretiennent des relations très étroites avec le Rwanda, souhaitent également que le Rwanda cesse les hostilités.
Reste à savoir si ces « déclarations » diplomatiques suffiront. Probablement pas. Le Rwanda s’en moque. Certaines voix du Kivu plaident en faveur de négociations. Ce qui est clair, c’est que le Rwanda n’a pas très envie de cesser de piller les ressources congolaises.
La population de l’est de la RDC mérite mieux que des ballets diplomatiques et des déclarations. Les souffrances humaines incommensurables doivent cesser. La communauté internationale et l’UE doivent prendre d’urgence des mesures convaincantes pour faire comprendre au Rwanda que cette agression brutale et vicieuse doit absolument cesser.
© CongoForum – Denis Bouwen, 26.01.25
Image – source : Africa Reconciled