LUBERO – La situation sécuritaire dans le secteur des Bapere, en territoire de Lubero, atteint un point de rupture. Suite à une nouvelle incursion des rebelles ADF au chef-lieu du secteur ce 28 octobre 2025, la société civile du secteur des Bapere a publié une déclaration, exprimant sa profonde préoccupation et son désarroi face à une sécurité très précaire.
La structure citoyenne ne cache pas son étonnement et son questionnement face à la récurrence et l’impunité des attaques. Les interrogations soulevées sont au cœur des préoccupations de la population: « Pourquoi l’ennemi n’a-t-il jamais été maîtrisé et neutralisé malgré ses incursions répétées dans les grandes agglomérations ?
Comment les assaillants peuvent-ils tuer la population sans subir la moindre capture, alors qu’un arsenal militaire est en place à Manguredjipa ? Pourquoi sont-ce toujours les positions des FARDC qui sont attaquées et non l’inverse, donnant l’impression que l’ennemi est seulement refoulé? »
La société civile appelle à une introspection à tous les niveaux pour identifier les causes profondes de cette situation et trouver une thérapie durable pour la sécurité. Le peuple a besoin des résultats palpables: la neutralisation de l’ennemi et la restauration de la paix, martèle la déclaration.
Tout en condamnant ces actes de sabotage et de barbaries, la société civile des Bapere adresse une série de recommandations pressantes aux plus hautes autorités nationales et provinciales, ainsi qu’aux commandements militaires. Elle demande au Président de l’Assemblée Nationale de faire le suivi de la mission parlementaire ratée destinée à Ntoyo et propose d’interpeller le Ministre de la Défense pour des explications claires sur la sécurité dans l’Est et aux Bapere.
Le Ministre de la Défense Nationale doit se concentrer sur la situation du secteur des Bapere pour restaurer l’autorité de l’État et doter les militaires des moyens nécessaires pour une mobilité facile et rapide.
Au Caucus des Élus Nationaux de Lubero la sociéte civile demande de plaider pour que le secteur des Bapere soit déclaré zone sinistrée. Le gouverneur du Nord-Kivu recommandé devrait organiser une mission d’itinérance pour évaluer les opérations Shujaa sur le terrain et prendre des dispositions pratiques.
Toujours selon la société civile, le Commandant des Opérations Sokola I Grand Nord doit intensifier les opérations sans relâche, doter le secteur d’une unité commando spéciale et appuyer les VDP (Volontaires pour la Défense de la Patrie) en logistique et vivres.
Au Commandant des UPF basés à Manguredjipa la société civile demande de renforcer le moral de ses éléments qui montrent une sorte de faiblesse dans les opérations. Et enfin, le Commandant des VDP de la Synergie Grand Nord doit appuyer les opérations anti-ADF et éviter la circulation des armes dans la population en les affectant aux opérations.
La société civile insiste également sur le rôle crucial de la population, en l’appelant à être très vigilante et à dénoncer tout mouvement suspect. Les citoyens doivent devenir de « vrais renseignants » pour dénicher les collaborateurs de l’ennemi, y compris au sein des services de sécurité. Ils doivent soutenir les opérations et éviter des « discours de division ».
Cette organisation citoyenne lance enfin une initiative symbolique, l’opération « Donnez-moi la paix, je paierai les taxes ». « Chers autorités, on ne peut pas traire du lait à une vache qu’on n’a pas bien nourri”, conclut leur déclaration, en soulignant que la population a un besoin fondamental de protection et de sécurité.
© CongoForum – Roger Mulyata, 29.10.25
Images – source: presse congolaise
