BUKAVU – Une scène d’une extrême violence s’est déroulée ce samedi à Bukavu, dans la commune de Kadutu, au quartier Nkafu, sur l’avenue Clinique. Deux hommes, soupçonnés d’être des bandits, ont été brûlés vifs par la population en colère après avoir été surpris en train d’attaquer des passants pour leur voler des téléphones, de l’argent et d’autres biens de valeur.

D’après plusieurs témoins, ces actes criminels sont devenus récurrents à Bukavu, notamment depuis la semaine dernière. La ville, plongée dans l’instabilité après sa prise par les rebelles du M23 et leurs alliés présumés de l’armée rwandaise, connaît une paralysie totale de ses institutions judiciaires. Dans ce contexte d’anarchie, le banditisme urbain a pris une ampleur alarmante.

« Depuis la chute de la ville et l’arrivée des rebelles, les policiers et les militaires ne sont plus visibles. Les malfaiteurs en profitent pour semer la terreur », confie un habitant du quartier Nkafu, témoin du drame.

Justice populaire: un fléau qui persiste

Face à l’absence des forces de l’ordre et à l’incapacité des autorités locales à assurer la sécurité, la population semble avoir opté pour des méthodes extrêmes: la justice populaire. Depuis une semaine, plusieurs cas de lynchages ont été signalés dans divers quartiers de Bukavu.

Selon les habitants, ce recours à la violence est devenu un moyen de dissuasion. « Nous avons décidé de ne plus les livrer à une justice qui n’existe plus. Une fois attrapés, nous les brûlons sur place », affirme un riverain sous couvert d’anonymat.

Un appel à la restauration de l’État de droit

La recrudescence des actes de banditisme et la montée de la justice populaire traduisent une défaillance profonde des institutions. L’absence de l’État crée un climat où la loi du plus fort prévaut, menaçant la cohésion sociale.

Les organisations de défense des droits de l’Homme dénoncent ces exécutions extrajudiciaires et appellent les autorités nationales et internationales à rétablir rapidement l’ordre à Bukavu. « La population est livrée à elle-même et agit sous l’émotion et la peur. Mais la justice populaire ne peut en aucun cas être une solution. Il est urgent de restaurer l’autorité de l’État et de renforcer les forces de sécurité », plaide un activiste local.

Alors que Bukavu continue de sombrer dans l’instabilité, l’urgence d’une intervention pour rétablir la paix et la justice devient de plus en plus pressante. La population, quant à elle, oscille entre peur, colère et désespoir, dans l’attente d’un retour à la normale.

© CongoForum – Gad Chrispin, 22.02.25

Image – source: Pixabay (Oberholster Venita)