
BUKAVU – Bukavu est une ville sous le choc après des jours de violences sanglantes. La ville panse ses plaies après l’offensive brutale du M23-AFC qui a conduit à sa prise de contrôle. Ce lundi, la Croix-Rouge a procédé à la récupération de 26 corps dans plusieurs quartiers de la ville, confirmant l’ampleur du drame humain qui se joue dans la capitale provinciale du Sud-Kivu.
Les victimes s’ajoutent à un bilan de plus en plus lourd. Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), 39 nouveaux blessés ont été admis entre vendredi et lundi à l’Hôpital Provincial Général de Référence de Bukavu (HPGRB), portant le nombre total de blessés hospitalisés à 176 depuis le début des affrontements.
Face à cette situation dramatique, la Croix-Rouge poursuit ses opérations. « L’opération va se poursuivre », a déclaré François Moreillon, chef de délégation du CICR en RDC, laissant entendre que d’autres victimes pourraient être retrouvées dans les prochains jours.
Les corps des victimes récupérés par la Croix-Rouge ont été acheminés à la morgue, où les familles endeuillées doivent les identifier avant de procéder aux enterrements. Dans un contexte où la dignité des défunts et la sécurité des proches sont une priorité, la population affronte une réalité douloureuse: la perte brutale de proches et l’incertitude sur le sort de nombreux disparus.
Depuis la chute de Goma le 26 janvier 2025, l’avancée du M23/AFC dans le Sud-Kivu s’est accélérée, culminant avec la prise de Bukavu. Aujourd’hui, la ville demeure sous occupation rebelle, plongeant ses habitants dans une situation de peur et d’incertitude. Bien que les combats aient cessé, la vie peine à reprendre son cours. Certains marchés rouvrent timidement, les commerces fonctionnent à un rythme réduit, et la population vit sous la surveillance constante des forces rebelles. Malgré la reprise progressive des activités, les tensions restent palpables, alimentées par la peur des représailles et des nouvelles violences.
Après plusieurs semaines d’interruption, le trafic entre Bukavu et Goma a repris ce lundi 18 février 2025, conformément à l’appel des autorités administratives du M23 à Goma. Cette reprise constitue un soulagement relatif pour les habitants, mais les conditions de voyage restent précaires et sont marquées par une forte surveillance des forces rebelles.
L’Est de la RDC fait face à une catastrophe humanitaire de grande ampleur. L’occupation rebelle, combinée à la destruction des infrastructures et à l’afflux massif de déplacés, plonge la population dans une situation critique.
Les organisations humanitaires, déjà sous pression, alertent sur le risque de famine, de pénurie de soins médicaux et de violations graves des droits humains. Les familles déplacées, en quête de refuge et de sécurité, se retrouvent dans des conditions précaires, sans accès à l’eau potable ni à une alimentation suffisante.
Malgré les appels à l’aide, l’intervention des autorités congolaises et de la communauté internationale reste timide, laissant la population livrée à elle-même dans un climat de désespoir et d’angoisse.
Avec une ville sous occupation et la situation humanitaire en détérioration rapide, l’avenir de la ville et de ses habitants demeure incertain. La question qui se pose désormais est combien de temps la ville pourra-t-elle tenir sous le contrôle des rebelles sans une intervention extérieure ?
Face à l’urgence, les populations locales, épuisées par des années de conflits, attendent une réaction forte du gouvernement congolais et des instances internationales. En attendant, Bukavu survit, dans l’espoir fragile d’un retour à la paix, et dans la douleur d’un deuil qui ne cesse de s’alourdir.
© CongoForum – rédaction, 18.02.25
Image – source: presse congolaise