BUTEMBO – La première ministre congolaise a effectué une mission gouvernementale de 4 jours à l’Est de la RDC. Elle a notamment été dans les provinces du Nord-Kivu et l’Ituri pour l’évaluation de l’état de siège. Sur place Judith Suminwa Tuluka a conféré avec les différentes couches de la population locale.
Les acteurs politiques, de la société civile et les autres ont peint un tableau sombre de la situation sécuritaire et humanitaire dans cette partie de l’Est de la RDC. Et cela en dépit de l’instauration, il y a de cela plus de 3 ans, de l’état de siège par l’ordonnance du Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi. Les espaces territoriaux ne cessent d’être conquis par les rebelles au Nord-Kivu et en Ituri.
La coordination provinciale de la société civile du Nord-Kivu dit être insatisfaite des discussions autour de l’évaluation de cet état de siège. Elle a eu ces discussions avec la Première Ministre Judith Suminwa dans la nuit du vendredi 22 novembre 2024 à Goma.
Selon le président de cette structure citoyenne, la cheffe du Gouvernement congolais a évoqué l’allègement de cette mesure sécuritaire décrétée par le Président de la République. Pourtant, regrette John Banyene, l’état de siège a montré ses limites. Il souligne que la priorité de la population reste le rétablissement de la paix. Une denrée que cette gouvernance spéciale n’a pas pu donner aux populations de cette province sinistre.
« Au Nord-Kivu, l’état de siège est un échec», propos des mouvements citoyens et des groupes de pression, au sortir également de l’audience avec la Première Ministre, dans la nuit du même vendredi 22 novembre. Ces organisations sociales déplorent que l’état de siège se soit distingué dans l’arrestation des leaders d’opinion plutôt que de ramener la paix dans l’est de la RDC. Les mouvements citoyens et les groupes de pression ont exigé la levée pure et simple de l’Etat de siège et ont sollicité l’implication de la cheffe du Gouvernement dans la libération de leurs confrères arrêtés pendant ce régime militaire.
Gentil Sony Mulume, activiste pro démocratie au sein de la LUCHA RDC-Afrique, a exprimé ce vœu devant la première ministre. Les organisations ont, en outre, demandé la réouverture des routes qui approvisionnent la ville de Goma et d’autres grandes agglomérations non encore conquises par les rebelles de la coalition M23-AFC au Nord-Kivu.
La première ministre a bouclé son séjour à l’Est de la RDC le dimanche 24 novembre. Après un bref séjour à Goma (Nord-Kivu) et Bunia (Ituri), elle regagné Kinshasa après avoir échangé avec différentes couches de la population sur l’Etat de siège. L’objectif de son séjour était de recueillir les avis des uns et des autres sur le sort réservé à ce régime spécial, plus de 3 ans après son instauration.
Quelles sont les attentes de la population de Beni face à cette mission de la cheffe du gouvernement ? Les avis des habitants de Beni divergent quant à cette question. Les uns disent ne rien attendre de cette mission en termes de résultats, alors que d’autres estiment que cette visite peut faire bouger les choses sur terrain.
Fabrice Mulwahali, analyste indépendant et juriste de formation, estime qu’il s’agit d’une mission de trop néanmoins. Pour lui la levée de l’Etat de siège serait souhaitable compte tenu de l’opinion globale.
Sous menaces des ADF et d’autres groupes armés depuis une décennie, plusieurs habitants se disent fatigués des visites des grandes autorités qui visiblement n’ont rien apporté jusqu’à présent en termes de résultats palpables.
En Ituri également, les avis sont diversifiés. Mais plusieurs structures interviewées au sortir de leurs consultations sont pour la levée de ce régime militaire pour permettre à l’armée de s’occuper uniquement des opérations militaires.
Jouant au sapeur pompier, madame Suminwa a été claire: « On a été envoyé et nous allons transmettre les recommandations à qui de droit pour la décision finale ».
© CongoForum – Roger Mulyata, 26.11.24
Image – source: presse congolaise