GOMA – Depuis la résurgence du M23 (Mouvement du 23 mars) dans la province du Nord-Kivu, la République démocratique du Congo-se voit confrontée à une crise humanitaire tragique, exacerbée par des combats violents entre les Forces Armées congolaises et ces rebelles supplétifs de l’Armée rwandaise. Ce conflit a non seulement entraîné d’innombrables pertes en vies humaines, mais a également provoqué un déplacement massif de populations qui se trouvent contraintes de fuir leurs foyers, pour chercher refuge dans divers lieux de la ville de Goma, chef-lieu de la province.
Dans cette migration forcée, ce sont principalement des femmes et des enfants qui se retrouvent en première ligne, devenant les victimes directes de cette agression insupportable du Rwanda.
Les camps de déplacés, en particulier celui de Rusayo, situé dans le territoire de Nyiragongo, témoignent de l’ampleur de la détresse. Dans ces abris de fortune, la situation est désespérée et les enfants, aux côtés de leurs mères, luttent pour trouver de la nourriture et de l’eau, tout en cherchant un endroit sûr où passer la nuit.
En observant ces enfants, il devient évident que cette génération est en péril, voyant son avenir s’assombrir face à un gouvernement qui semble désemparé et incapable de répondre à leurs besoins fondamentaux. Les conditions d’éducation, essentielles pour forger l’avenir, sont pour le moins désastreuses. La gratuité de l’enseignement primaire, présentée comme une avancée par le Président de la République, ne parvient pas à remplir son rôle dans ces contextes chaotiques, laissant des milliers d’enfants sans accès à l’éducation.
Le drame des enfants déplacés prend une tournure encore plus poignante, à travers le témoignage d’un jeune président des enfants d’un camp de déplacés, un garçon de 12 ans, originaire de Kiwanja dans le territoire de Rutshuru, qui, en quatrième année primaire, exprime avec sincérité les épreuves que doivent endurer des milliers de ses camarades. Sa voix résonne comme un cri de détresse.
Selon cet enfant, Ombeni Hakizi, trois principaux problèmes sont majeurs, auxquels ces enfants font face; notamment, la sécurité des jeunes filles, qui n’hésitent pas à se rendre dans la forêt pour chercher du bois de chauffage, mais qui se retrouvent souvent confrontées à de graves dangers, devenant ainsi des proies de violences inacceptables, y compris le viol. Ensuite, la question de l’éducation, les écoles étant insuffisantes pour accueillir le nombre croissant d’enfants, accentuant ainsi la crise éducative dans ce contexte déjà précaire.
Au nom de tous les enfants déplacés, Ombeni adresse un appel urgent au Président de la République, Félix Tshisekedi, pour qu’il rétablisse la paix, éloigne les rebelles du M23 et construise des écoles pour les nombreux enfants qui n’ont pas accès à l’éducation, à cause de la guerre.
« Ici, il y a plus de 5 000 enfants sur le site de Rusayo 2. Mais à Rusayo 1, nous sommes encore plus nombreux. J’ignore le nombre exact, mais nous avons besoin d’aide pour construire davantage d’écoles, afin que chaque enfant puisse étudier dans de bonnes conditions. Papa président Félix Tshisekedi, aide-nous ; nous souffrons beaucoup et nous avons besoin de paix. Que ces rebelles du M23 soient éloignés», a-t-il recommandé.
Les enfants déplacés, piégés dans une spirale de désespoir, ne savent plus à quel saint se vouer. Tandis que d’autres errent dans les rues à la recherche de nourriture, se livrant à la mendicité pour survivre à cause de la famine. Ce défi humanitaire, d’une complexité grave, exige une attention immédiate et des actions concrètes, pour sauver cette génération mise en péril par des conflits armés ininterrompus depuis 1994.
© CongoForum – Paulin Munyagala, 06.09.24
Images – source: presse congolaise